À propos du départ de l’équipe féminine canadienne de volleyball
C’est avec déception, mais toutefois sans surprise, que le Centre canadien du sport Manitoba a appris que Volleyball Canada a décidé de relocaliser le programme de l’équipe féminine nationale. Ce dernier quittera Winnipeg, son siège depuis deux décennies, pour s’installer à Richmond, en Colombie-Britannique. Le CCSM est fier d’avoir fait partie des groupes ayant posé leur candidature et nous avons été touchés par le dévouement et la diligence de tous les partenaires qui ont œuvré ensemble pour garder l’équipe à Winnipeg. Malheureusement, en fin de compte, ce ne fut pas suffisant.
La communauté en souffrira financièrement, bien sûr. Le CCSM connaitra de petites et de grandes pertes, comme les entraineurs à temps plein et à temps partiel, les gestionnaires et le personnel de la science du sport qui quitteront la province. Mais l’une des plus grandes pertes est le fait que la ville de Winnipeg ne sera plus le domicile d’une équipe nationale.
Les espoirs olympiques de la province ne pourront plus être témoins de ce en quoi consiste un programme d’équipe nationale et de ce qu’il accomplit.
Les jeunes Manitobains continueront à représenter leur pays sur la scène internationale dans plusieurs sports, mais ce qui est déjà un périple ardu est devenu encore plus difficile cette semaine en raison de la perte de l’unique fédération nationale que la province ait connue pendant plusieurs années.
Encore plus révélateur est le fait que non seulement nous n’avons pas été sélectionnés, mais nous n’étions pas le deuxième choix non plus. Quelle valeur notre communauté accorde-t-elle à l’excellence lorsque l’on juge que sa meilleure proposition ne mérite que la troisième place et qu’il est préférable de quitter un environnement où le volleyball était l’unique équipe nationale, et donc la plus grande priorité, pour un endroit où le sport sera, au mieux, la quinzième priorité? Ou que deux autres villes, dans lesquelles on retrouve de nombreux centres d’entrainement d’équipes nationales, dont l’un considérablement plus petit que celui de Winnipeg, présente une candidature largement supérieure?
Nous devons nous poser la question à savoir pourquoi plusieurs autres communautés à travers le pays comptent des programmes d’équipes nationales, alors que nous n’en avons désormais aucun.
Nous avons investi des millions de dollars communautaires dans les sports sans but lucratif, mais nous ne pouvons pas trouver les ressources suffisantes pour appuyer un programme d’équipe nationale. Nous savons, avec certitude, que les Manitobains dévoreront la couverture des Jeux olympiques et paralympiques de 2016 à Rio. Ils applaudiront les victoires du Canada et accueilleront les Manitobains victorieux comme des héros. Avec le recul, nous savons qu’aucun investissement n’aurait été trop coûteux si nous avions su qu’il produirait des champions et des modèles comme Clara Hughes ou Cindy Klassen. Alors pourquoi accordons-nous si peu d’importance à notre désir d’appuyer des programmes qui rendent ces performances possibles? Nous devrions nous interroger sur la valeur que nous accordons à l’appui de tels efforts et sur les bénéfices qu’ils apportent à la communauté. D’autres ont jugé que nous étions déficients à cet égard et il en revient à nous de répondre.
Peu importe les raisons de leur départ, nous avons été heureux de travailler avec les jeunes femmes de l’équipe canadienne pendant les 20 dernières années. Elles nous manqueront et nous leur souhaitons bonne chance dans leur nouvel environnement. Puissent-elles réaliser le rêve qu’elles caressent depuis 1996 de se rendre aux Olympiques. En attendant, les rêves des athlètes manitobains d’aujourd’hui demeurent vivants. Demeureront-ils non réalisés pendant les 20 prochaines années en raison de notre indifférence?