Lisez le blogue: Le parcours d’un Paralympien, du sport à la vie au-delà du sport
Demain, c’est la journée Aujourd’hui, on cause pour la cause de Bell. Pour moi, ce jour illustre nos efforts à titre de société pour éliminer la stigmatisation des troubles de santé mentale et accepter que les gens qui en souffrent sont des personnes à part entière. En d’autres mots, nous tentons d’éliminer nos craintes et nos notions préconçues en tant que personnes qui vivent cette situation, et notre crainte des choses que nous ne comprenons pas.
Au cours des dernières semaines, vous avez sûrement vu mes nombreuses publications sur la page des anciens athlètes paralympiques concernant un projet que j’ai mis sur pied de concert avec le Centre canadien du sport Manitoba que nous avons appelé « Au-delà de la gloire ». Ce projet a pour but d’aider les Paralympiens lors de leur transition d’une vie axée sur la compétition à une vie en dehors du contexte du sport.
À titre d’ancien athlète paralympique, je me souviens de m’être demandé à quoi ressemblerait ma retraite. Bien que je grimaçais chaque fois que je devais me lever tôt le matin pendant les hivers glaciaux de Winnipeg pour me rendre à mon entrainement, jamais je n’ai imaginé qu’un jour je ne serais plus nageur. Je ne pouvais pas envisager une vie sans le sport, et je ne voulais pas y penser non plus.
Je m’inquiétais de ce que j’allais perdre : l’admiration et le respect de mes amis, de ma famille et de la communauté, la possibilité de voyager et de voir des endroits que je ne pourrais jamais voir autrement, et les amitiés bâties au fil des années avec des gens que je voyais seulement quelques fois par année, mais que lorsque nous étions ensemble, c’était comme si nous ne nous étions jamais quittés.
Je me considère chanceux parce que j’ai pu aller à l’école tout en m’entrainant. J’ai rencontré une personne extraordinaire que j’ai éventuellement épousée et qui est devenue la mère de mon fils, dont je suis extrêmement fier. J’ai même réussi à entamer une carrière professionnelle tout en participant activement à des compétitions. Je croyais que ma vie était très normale et que je n’aurais aucune difficulté à m’adapter à la vie en dehors du sport.
Lorsque j’ai pris ma retraite, j’ai été envahi de pensées, d’émotions et de sentiments négatifs. J’avais l’impression que tout ce que je faisais devait être parfait. J’ai connu des échecs pendant ma carrière professionnelle qui m’ont profondément affecté puisque l’échec n’était pas, fort malheureusement, quelque chose que j’avais connu très souvent lorsque j’étais un athlète.
Par conséquent, sans le savoir et sans avoir été diagnostiqué, je crois avoir souffert d’anxiété et de dépression pendant plusieurs années.
Il m’a fallu de nombreuses années et un parcours thérapeutique continu pour y arriver, mais je crois pouvoir enfin affirmer que même si elles ne disparaissent jamais complètement, je peux désormais contrôler ces pensées et ces émotions la plupart du temps.
En repensant à ma carrière en dehors du contexte du sport, qui s’échelonne déjà sur plusieurs années, j’ai eu l’impression de ne pas avoir connu le même succès à titre de travailleur qu’à titre d’athlète. Ceci m’a surpris. J’ai cru que ma réputation en tant qu’athlète, mon intelligence et ma capacité à me concentrer sur l’éducation et le travail de la même façon que je me suis concentré sur la natation me permettraient de connaître autant de succès dans ma vie professionnelle que j’en ai connu dans le bassin.
Lorsque je fais le bilan, je réalise combien je n’étais pas préparé pour la retraite. De plus, mon handicap a exacerbé et amplifié certains défis et certaines difficultés rencontrées. J’aurais vraiment souhaité avoir la possibilité d’aller à un endroit où j’aurais pu partager cette expérience avec des gens qui vivaient la même chose que moi, et apprendre d’eux aussi.
Je crée Au-delà de la gloire pour répondre à ce que j’ai vécu afin de rendre, je l’espère, cette transition un peu plus facile pour les autres qu’elle le fut pour moi. Ainsi, j’espère honorer les efforts et les sacrifices faits par les autres en mon nom et pour mes intérêts, qui m’ont permis de vivre pleinement cette expérience de compétition de haut niveau, d’en récolter les fruits, d’en célébrer les succès, et d’avoir les vies personnelle et professionnelle que j’ai depuis que j’ai quitté le sport.
Je vous invite à être participant ou participante bénévole du programme Au-delà de la gloire. Il s’agit seulement d’une heure ou deux de votre temps pendant 8 semaines. Au pire, vous m’aiderez et aiderez le Centre canadien du sport Manitoba à déterminer si ce que j’ai écrit ici est vrai pour d’autres et si tel est le cas, ce que nous pouvons faire pour aider nos futurs Paralympiens lorsque viendra le temps pour eux de passer aux prochaines étapes de leur vie.
Merci. –Tim McIsaac