SEMAINE 6 : MYTHES, PRÉJUGÉS ET STÉRÉOTYPES

Quels préjugés ou stéréotypes avez-vous sur les autres ? Prenez le temps d’explorer les éventuels préjugés que vous entretenez, tant dans le contexte du sport qu’en dehors, afin d’être mieux préparé(e) à y faire face et de faire du sport un espace plus sécuritaire pour tous.

Voici quelques observations sur le racisme qui imprègne les attitudes sociétales au Canada et ailleurs, y compris dans la société en général et dans le sport. En reconnaissant ces tendances, comment pouvons-nous travailler pour y remédier dans nos milieux sportifs ?

« En EP, malgré les politiques officielles de lutte contre le racisme et de multiculturalisme actuellement en place, il semble que des visions étroites et stéréotypées des masculinités chinoises circulent encore à un niveau informel et sont reflétées et vécues subtilement dans une variété de pratiques quotidiennes, y compris dans les équipes sportives scolaires. » (Millington et al., 2008, p. 206)

« Les hommes sino-canadiens, qui constituaient la grande majorité de ceux qui ont initialement voyagé sur le Pacifique, ont fait l’objet de stéréotypes désobligeants qui les qualifiaient de faibles et d’efféminés et, malgré leurs efforts inlassables dans le cadre de projets tels que le chemin de fer du Canadien Pacifique, d’inaptes au travail quotidien “masculin”. » (Millington et al., 2008, p. 207)

Un participant philippin à une étude menée en Australie a noté que de nombreux jeunes philippins sont perçus comme menaçants et ne sont donc pas autorisés à entrer dans certains établissements. Le même participant a également noté que ses pairs à l’école essayaient de se battre avec lui, « […] en supposant que les hommes asiatiques sont faibles et “ne se défendent pas”. » (Aquino, 2015, p. 170)

Des recherches menées en Australie ont relevé un grand nombre d’opinions suggérant que les athlètes aborigènes australiens sont naturellement orientés vers des rôles sportifs physiques — par opposition aux rôles intellectuels (Apoifis et al., 2018). De même, l’Ontario University Athletics (2021) a mis en lumière le mythe d’une intelligence inférieure chez les étudiants athlètes noirs par rapport à leurs homologues blancs. De plus, le OUA (2021) a attiré l’attention sur la croyance erronée selon laquelle « les athlètes noirs ont enduré plus d’épreuves émotionnelles et sont plus résilients, physiquement forts et psychologiquement résistants que les autres athlètes » (p. 37). Au lieu d’accepter sans critique de telles déclarations, nous devrions examiner attentivement les implications de leur acceptation.

Par exemple, les stéréotypes racistes ont facilité le classement des athlètes australiens aborigènes dans des postes sportifs considérés comme plus physiques qu’intellectuels, et un classement similaire a été observé en Amérique du Nord (Valentine, 2012), où les joueurs de hockey autochtones ont été classés de manière disproportionnée dans des rôles « d’exécuteurs » au sein de la Ligue nationale de hockey.

De plus, non seulement les stéréotypes racistes perpétuent le typage des athlètes racisés dans les rôles sportifs, mais ils constituent également des obstacles supplémentaires aux carrières dans les postes de leadership du sport, ce qui a des effets négatifs sur le développement ultérieur de la carrière. Par exemple, Apoifis et al. (2018) ont noté que les stéréotypes des athlètes australiens aborigènes en tant que simples spécimens physiques, par opposition aux leaders intellectuels, contribuent à l’exclusion des aborigènes dans les rôles d’entraîneurs.

Par conséquent, il est important de se rappeler que si nous considérons les athlètes racisés « principalement en fonction de leur corps et de leur biologie, il devient difficile de reconnaître les autres talents, capacités et objectifs qu’ils peuvent posséder. » (Apoifis et al., 2018, p. 855)

Après tout, nous savons que « […] comparer des athlètes d’élite de différentes races vous en dit très peu sur les races elles-mêmes. » (Gladwell, 2015, p. 66)

QUELQUES MESURES CONCRÈTES POUR FAVORISER LE CHANGEMENT :

  1. Soyez honnête avec vous-même et vérifiez quels sont vos préjugés (n’oubliez pas que tout le monde a des préjugés), tant en général que dans le sport.
  2. Demandez à d’autres personnes dans votre contexte sportif de faire la même auto-exploration.
  3. Discutez de tout préjugé identifié avec d’autres personnes dans votre contexte sportif et identifiez les moyens de le corriger.
  4. Si nécessaire, adressez-vous à l’instance dirigeante de votre sport pour qu’elle vous aide à identifier des experts dans le domaine de l’équité, de la diversité et de l’inclusion (EDI) afin d’accompagner votre équipe ou votre groupe sportif dans le processus d’auto-exploration des préjugés.
  5. Si vous constatez que des préjugés sont encouragés dans votre contexte sportif, prenez position contre eux.
  6. N’oubliez pas que nous commettons tous des erreurs dans nos efforts pour être plus inclusifs. Donnez l’exemple en assumant la responsabilité de vos erreurs et en vous efforçant de vous améliorer.

Note : Les citations sont des traductions libres de l’anglais.

BIBLIOGRAPHIE

Apoifis, N., Marlin, D., & Bennie, A. (2018). Noble athlete, savage coach: How racialised representations of Aboriginal athletes impede professional sport coaching opportunities for Aboriginal Australians. International review for the sociology of sport53(7), 854-868. https://doi-org.uml.idm.oclc.org/10.1177/1012690216686337

Aquino, K. (2015) More than a game: Embodied everyday anti-racism among young Filipino-Australian Street Ballers. Journal of Intercultural Studies, 36(2), 166-183, https://doi.org/10.1080/07256868.2015.1008430

Gladwell, M. (2015). The sports taboo: Why Blacks are like boys and Whites are like girls. Dans D. Karen & R. E. Washington (Eds.), Sociological perspectives on sport : The games outside the games (pp. 63-69). Routledge.

Millington, B., Vertinsky, P., Boyle, E., & Wilson, B. (2008). Making Chinese-Canadian masculinities in Vancouver’s physical education curriculum. Sport, Education and Society, 13(2), 195-214, https://doi.org/10.1080/13573320801957095

Ontario University Athletics. (2021, October). Are we one?: The Ontario university athletics anti-racism report. OUA. https://oua.ca/documents/2021/10/25/OUA_Anti_Racism_Report.pdf

Valentine, J. (2012). New racism and old stereotypes in the National Hockey League: The “stacking” of Aboriginal players into the role of enforcer. Dans J. Joseph, S. Darnell, & Y. Nakamura (Eds.), Race and sport in Canada: Intersecting inequalities (pp. 107-135). Canadian Scholars’ Press.