CONFÉRENCIÈRE INVITÉE DES MARDIS FORMIDABLES — RHIANNON LEIER

RHIANNON LEIER, NATATION

ENTRETIEN PAR DRE ADRIENNE LESLIE-TOOGOOD

Quelles sont les réalisations dont tu es la plus fière, et pourquoi ? 

  1. Me qualifier pour les Jeux olympiques pour la première fois en 2000 — Je suis fière de cela parce que j’ai surmonté mon propre doute et mon sentiment d’infériorité à la natation nationale pour faire partie de l’équipe. Je me suis concentrée sur mes tactiques, mon entraînement et mes capacités.
  2. Je suis fière de mes succès lors des tournées de coupe du monde auxquelles j’ai participé de 2000 à 2004. Ces événements exigeaient de moi des performances constantes, souvent dans des situations où je n’avais pas assez dormi ou n’étais pas complètement préparée, mais j’ai réussi à compétitionner à fond et avec brio lors de ces événements et à me classer au sommet du niveau mondial.
  3. Je suis fière d’avoir été nommée nageuse canadienne de l’année en 2004. Cela fut important pour moi parce que j’ai vécu une année très difficile mentalement, et je souffrais beaucoup d’anxiété que je cachais à plusieurs personnes, y compris à mon entraîneur. Malgré ma santé mentale fragile, j’ai quand même réussi à obtenir ce qui a été considéré comme le meilleur résultat canadien féminin de l’année selon le tableau des performances mondiales. (C’est lors de cette course que je me suis qualifiée pour les Jeux olympiques de 2004 avec un temps record national.)

Quels sont les livres que tu as offerts le plus souvent en cadeau, et pourquoi ? Ou quels sont les trois livres qui ont le plus influencé ta vie ?
Il y a beaucoup de livres que j’ai appréciés — des autobiographies sur des personnes qui ont accompli des choses importantes ou qui ont surmonté des défis dans le monde du sport ou dans n’importe quel domaine, de la musique à la politique.

Comment un échec ou un échec apparent t’a-t-il préparée à une réussite ultérieure ? As-tu vécu un échec que tu apprécies ?
Tous les échecs que j’ai connus m’ont permis de prendre du recul par la suite. Seize ans après avoir terminé ma carrière de nageuse, j’associe toujours mes « échecs » à mes performances dans le bassin. Lorsque je les vis, ces échecs sont dévastateurs. Mais en prenant du recul et en y réfléchissant lorsque mes premières émotions sont passées, cela m’aide à les voir sous un jour différent. Je me rends compte qu’il ne s’agit pas vraiment d’un « échec », mais d’une déception qui ajoute à la profondeur de mon expérience de vie.

Mon principal échec a été ma performance aux Jeux olympiques d’Athènes, car je n’ai pas été à la hauteur des attentes et j’étais loin d’être à mon meilleur pendant ma course finale. Cet échec a été si important qu’il a été diffusé à la télévision. Lors d’une entrevue intense avec la CBC, après le moment où l’on m’a demandé pourquoi je n’avais pas bien nagé, j’ai répondu : « Je ne sais pas ». Je le savais, mais je ne pouvais pas le dire. Je ne voulais pas nager et je ne voulais pas participer à la compétition : je voulais que ça se termine. Mon échec était en fait dû à mon incapacité à exprimer réellement mon état émotionnel avant la compétition. La fatigue mentale qui en a résulté a limité ma performance.

Si tu pouvais avoir un gigantesque panneau d’affichage n’importe où avec n’importe quoi dessus — métaphoriquement parlant, faire passer un message à des millions ou des milliards de personnes — que dirait-il et pourquoi ?

« Pourquoi pas moi ? » (ou pourquoi pas vous ?)

Cette affirmation résume pourquoi j’ai finalement décidé d’essayer d’intégrer l’équipe olympique ou pourquoi j’ai décidé de compléter un MBA. Elle m’aide à surmonter l’idée que je ne suis peut-être pas assez bonne ou assez intelligente pour faire quelque chose qui peut être un défi ou qui dépasse ce que je pense être capable de faire.

Au cours des cinq dernières années, quelle nouvelle croyance, quel nouveau comportement ou quelle nouvelle habitude a le plus amélioré ta vie ?
C’est normal de ne pas être parfaite et de faire des erreurs. Je m’efforce d’être plus indulgente envers moi-même.

Quelles sont les mauvaises recommandations que tu entends dans ta profession ou ton domaine d’expertise ?

Besoin de cibler tout le monde, de rendre tout le monde heureux et de tout faire. Essayer de répondre aux besoins de tout le monde avec une initiative au lieu de se concentrer sur un groupe plus restreint et de bien réussir cette chose ou ces deux choses.

Lorsque tu te sens dépassée ou déconcentrée, ou que tu as perdu temporairement ta concentration, que fais-tu ?
J’essaie de me concentrer sur une seule chose à la fois. Je fais une liste et j’essaie de faire une seule chose pour avoir un sentiment d’accomplissement. L’équilibre entre le travail, l’école et la famille me donne souvent l’impression d’être dépassée, alors j’essaie de m’organiser et de me concentrer sur une seule chose à la fois.

La COVID-19 a changé notre vie et notre monde. Qu’as-tu appris sur toi-même pendant cette « grande pause » ?
Je me rends compte que je travaille beaucoup et que je dois me donner le temps de me détendre et de tout arrêter pour me concentrer sur ma famille. (Comme il n’y a pas de barrière forcée entre le travail et la maison, si je ne fais pas attention, je vais travailler tout le temps.)

J’ai passé plus de temps avec mes enfants et lorsque j’arrête tout et que je me concentre sur eux, c’est gratifiant.

Si tu pouvais reculer dans le temps, quand tu étais jeune, quel conseil te donnerais-tu ?

Écoute davantage les autres, intéresse-toi aux autres et efforce-toi de faire preuve de gentillesse et d’empathie à l’égard des difficultés des autres. En même temps, ne te soucie pas d’avoir besoin que tout le monde t’aime. Reste fidèle à toi-même et crois en toi.